La tradition populaire rurale plaçait les sages-femmes au même rang que les médecins.
En France, le nom de sage-femme apparaît pour la première fois à l’Hôtel-Dieu de Paris en 1505. Au Moyen Âge beaucoup d’entre-elles furent persécutées par l’Inquisition. Leurs connaissances empiriques sur le corps humain et les plantes médicinales déplurent au pouvoir religieux qui les accusa de sorcellerie, de crime ou d’empoisonnement lors du décès d’un nouveau-né. Et au contraire lorsqu’elles accomplissaient une guérison, on les condamnait pour pratique de la magie. L’église finit tout de même par les tolérer, tout d’abord pour les familles royales et princières, mais avec beaucoup de méfiance. Il aura fallu attendre le XVIIIe siècle pour voir officialiser l’enseignement de «L’art des accouchements».
Loin du monde des corporations masculines, les sages-femmes étaient également soumises à des règles strictes et précises. Une ordonnance de 1750 exigeait une formation de deux ans et elles ne pouvaient pratiquer qu’après la validation de leurs connaissances par deux maîtres-chirurgiens. Pas seulement accoucheuses, celles dont la profession consiste à donner la vie avaient également un rôle social et religieux. Il leur arrivait de porter les nouveaux-nés sur les fonts baptismaux, occupant la fonction de marraine, très souvent dans le cas d’enfants nés de filles-mères et qualifiés de l’horrible surnom de bâtards. Lorsqu’un nourrisson était en danger de mort c’était la sage-femme qui l’ondoyait pour lui éviter de rejoindre les limbes (cérémonie simplifiée du baptême que peut pratiquer tout laïc chrétien, mais qui oblige tout de même à l’administration ultérieure du sacrement à l’église).
Le musée consacre un petit espace à cette profession. On y trouve une chaise d’accouchement pliable et transportable ainsi qu’une vitrine contenant la corbeille d’Henriette Dach (ci-dessous). Elle fut la dernière sage-femme ayant exercé à Marmoutier et dans les villages environnants de 1909 à 1956. Une mallette de médecin de campagne est exposée dans le bas de la vitrine.
Ci-dessous, une page du premier registre de naissance tenu par Karolina Flach, épouse Wolf (1869-1952), sage-femme de Hattmatt. Elle exerça de 1892 à 1949 et mit au monde 654 enfants.
Après quarante ans de service, l'Union syndicale des sages-femmes d'Alsace Lorraine l'honora en lui décernant un diplôme et un insigne.