Abraham Kahn, aîné d’une fratrie de six enfants, est né le 3 mars 1860 à Marmoutier.
Ses parents, Louis Kahn, marchand de bestiaux et Bibi Bloch, demeuraient rue du 22 novembre (ci-dessus). Il effectue ses études secondaires au collège de Saverne, de 1873 à 1876, encouragé et soutenu par son ancien instituteur, Hercule Heimann, auquel il restera attaché toute sa vie.
À l’âge de 16 ans, muni d’un permis d’émigration délivré par les autorités allemandes, Abraham s’installe seul à Paris et adopte le prénom d’Albert. Il trouve son premier emploi de commis chez le tailleur-confectionneur A. Godchau, de la rue de Montmartre. En 1878 il entre à la banque Goudchaux et reprend ses études, avec pour répétiteur Henri Bergson. Il obtient les baccalauréats de lettres (1881) et de droit (1883), ainsi qu’une licence de droit (1884). Redoutable spéculateur, travailleur acharné et déterminé, Albert Kahn se distingue très vite dans le monde de la finance. Sa perspicacité sur le marché de l’or et du diamant, le font gravir tous les échelons de la hiérarchie bancaire, jusqu’à fonder sa propre banque. Au début du XXe siècle il devient l’un des hommes les plus riches de France et d’Europe. Ruiné par le crack boursier de 1929, Albert Kahn meurt le 14 novembre 1940. Il est enterré au cimetière de Boulogne-Billancourt.
L'homme qui voulait un monde meilleur. Traumatisé par l’abandon de l’Alsace par la France à la Prusse le 2 septembre 1871, Albert Kahn prétendait que les drames et les guerres qui secouaient la planète provenaient de la méconnaissance des nations entre-elles, d’un manque de communication et de l’absence d’un projet commun. Mais comment faire cohabiter des peuples qui ignoraient tout de leurs voisins, de leurs modes de vie, de leurs cultures, de leurs croyances, de leurs langues ? Comment réveiller les consciences, refréner les égoïsmes, et faire tomber les barrières du nationalisme ? Tel était l’enjeu de cet absolu vers lequel tendait albert kahn. Il décida alors de présenter le vrai visage du monde.
Avec la photographie il détenait le meilleur outil pour rassembler et répandre les connaissances de l’humanité et créa les «Archives de la Planète», une collection d'images riche de 72 000 autochromes. Ces images devaient stimuler la curiosité, mais aussi provoquer la réflexion et forcément conduire l’humanité vers un monde meilleur. Avec elles, Albert Kahn s’adressait d’abord aux élites, aux autorités et aux décideurs. Il ambitionnait de réveiller leurs consciences et de les inciter à modifier leurs décisions et leurs regards sur la société.
L’espace Albert Kahn. Pour conserver la mémoire d'Albert Kahn, le musée de Marmoutier a créé un espace qui lui est entièrement dédié. Grâce à ses 370 images originales sélectionnées dans les Archives de la Planète, il permet aux visiteurs de se plonger dans les utopies-réalistes du grand humaniste. Avec cette création, le musée de Marmoutier sera le deuxième établissement en France (après le musée Albert Kahn de Boulogne-Billancourt) qui honore le maurimonastérien le plus connu à travers le monde au début du siècle dernier. Retrouvez quelques-une de ses images en bas de page.
L’œuvre humaniste d’Albert Kahn.
1894 : cofondateur de la New-Austral Company Limited pour effectuer les opérations financières sur l’or du Transvaal (Afrique du sud).
1898 : créateur de la Banque Kahn au 102, rue de Richelieu à Paris IIe.
1898 : il lance les Bourses autour du monde, en France, puis au Japon, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Russie. Ainsi 145 boursiers, dont 72 français, grâce à ce mécénat, ont pu découvrir d’autres civilisations.
1900 : il participe à la création de l’Institut Général de Psychologie.
1906 : il initie la Société Autour du Monde pour répandre en France la connaissance des pays étrangers et celle de la France à l’étranger.
1909 : il met en œuvre les Archives de la planète, une collection consacrée aux us et coutumes à travers le monde.
1912 : il finance la chaire de géographie humaine au Collège de France, avec comme premier titulaire le professeur Jean Brunhes, directeur scientifique des Archives de la planète.
1914 : avec l’universitaire alsacien Paul Appell, il forme le Comité du Secours National, une aide aux victimes civiles de la guerre.
1916 : il constitue le Comité National d’Études Sociales et Politiques, dont le but est d’essayer de comprendre le monde, d’explorer des voies nouvelles et de trouver des solutions pacifiques aux conflits.
1918 : il publie son ouvrage : «Des droits et devoirs des gouvernements».
1920 : il fait réaliser le Centre de Documentation Sociale à l’École Normale Supérieure. Six autres suivront : Bordeaux, Lyon, ENS de filles à Sèvres, Polytechnique, Saint-Cyr et École Centrale.
1927 : il fait installer un laboratoire de biologie humaine dans sa propriété de Boulogne, pour prévenir les fléaux de l’époque.
1928 : il créé la Compagnie industrielle des mines d’or en France.
1929 : il finance un centre de médecine préventive à Strasbourg.
1929 : il fonde la Centrale de Recoordination par laquelle Albert Kahn lègue l’ensemble de ses créations à l’université de Paris.
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